Des parents trompés, de jeunes enfants kidnappés et emmenés loin de chez eux pour repeupler des régions en mal de population. « Pas de fratrie au même endroit. Je ne fais qu’appliquer la consigne, moi ! » « Voyez celui-là comme il est grand » « Tâte ses biceps, c’est du costaud ».
Non, ce n’est pas une histoire de trafic d’enfants organisé par une mafia quelconque ; nous ne sommes non plus ni au XVIIème siècle, ni dans la Russie stalinienne mais bien en France il y a quelques décennies, au cœur d’un système organisé officiellement… Dans un roman très documenté et écrit de manière enlevée, dans des pages où l’émotion qui affleure rend la vérité encore plus forte et plus évidente, Ariane Bois décrit et dénonce un scandale d’État : durant les années 1960 et 1970, le gouvernement français a organisé le « rapatriement » d’environ 2000 enfants réunionnais vers la métropole ; il souhaitait ainsi lutter contre la surnatalité de l’île et résoudre les problèmes de désertification de certaines campagnes, principalement dans le département de la Creuse. Les parents étaient trompés et la souffrance des enfants déracinés occultée et niée.
À travers Pauline et sa petite sœur Clémence, l’auteure nous fait découvrir cette détresse des enfants et les silences et complicités qui entouraient ce projet scandaleux. Puis, dans une deuxième partie, elle nous fait vivre de manière intense, dans un style conjuguant émotion et retenue, la quête de la fille de Pauline pour retrouver des racines douloureusement enfouies au tréfonds de la mémoire. « Je réunis mes racines » dira Pauline.
N’hésitez pas, pendant vos vacances, à ouvrir ce roman qui contribue à nous ouvrir les yeux. Dès les premières pages et jusqu’à la fin, nous sommes pris par l’histoire : très bien écrit, le livre se lit en effet presque comme une enquête policière, émouvante et palpitante. En nous faisant découvrir le destin tragique de ces enfants déracinés et un épisode peu glorieux de l’histoire récente de notre pays, il nous montre en même temps la force des liens du sang et du souvenir.
Jean-Michel Othoniel sculpteur inspiré, amoureux des fleurs, des jardins et du Louvre compose un livre objet soigné, intelligent et séduisant. Il arrive légèrement en avance sur le printemps mais sa lecture sèmera tout autant d’émotions que l’observation attentive de la floraison des plantes de nos jardins, projettera tout autant de puissance olfactive qu’une inspiration dans ses allées parfumées et invitera avec délicatesse à mesurer la dimension sacrée de la création naturelle ou travaillée.
La simplicité de l’ouvrage souligne le subtil arrangement des fleurs représentées où les plis si naturels de leurs vêtures semblent le fruit d’une savante composition. Les fleurs sont toutes glanées dans les allées du musée du Louvre parmi les chefs-d’œuvre qui y vivent.
L’auteur précise : « Plus de cinq mille œuvres dont les notices contiennent le mot “ fleur ” ont été recensées par les différents conservateurs. Des millions de végétaux ont été peints, dessinés ou sculptés, couvrant plus de huit mille ans d’histoire ».
Ce livre est un chemin pour regarder autrement les œuvres du musée du Louvre, les découvrir dans leurs détails fleuris.